Jean Félix Yekoka est Maître de Conférences CAMES en Histoire et civilisations africaines. Responsable des Masters Histoire et Géographie professionnelle à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de l’Université Marien Ngouabi, il est membre de plusieurs institutions de recherche dont l’IGRAC, le CODESRIA, le CURA et le Laboratoire d’Anthropologie et d’Histoire. Il est aussi auteur de plusieurs articles publiés dans des ouvrages collectifs et revues spécialisées. auteur et co-auteur aux Éditions L’Harmattan des ouvrages ci-après :
-2015, Le mariage coutumier chez les Suundi du Congo-Brazzaville, Paris, L’Harmattan.
- 2019, Historiographie de la traite négrière au Congo. Faits, sociétés et mémoires, Paris, L’Harmattan.
- 2021, Le coupé-décalé en République du Congo. Esthétique des trajectoires différenciées, , Paris, L’Harmattan.
Résumé
Les sociétés africaines d’aujourd’hui développent une violence physique et symbolique que les pouvoirs publics s’efforcent de substituer par des discours idéologiques qui font la promotion du vivre-ensemble. Cette solution de rechange clairement politique vise à asseoir des relations apaisées entre individus qui ne partagent pas les mêmes convictions politiques, religieuses et sentimentales. Seulement, elle ne définit pas les modalités fonctionnelles susceptibles d’atteindre les objectifs visés, au point où le vivre-ensemble apparaît comme un outil de communication politique visant à endormir des âmes. Par ailleurs, l’observation des dynamiques sociologiques africaines actuelles laisse sous-tendre l’idée de rupture de vision du monde entre les sociétés africaines d’hier et celles d’aujourd’hui. Ainsi, s’appuyant sur le cas de la culture kongo précoloniale, cette réflexion vise à montrer qu’en Afrique noire contemporaine, pour qu’il soit effectif, le vivre-ensemble doit se construire en relation avec des paradigmes nouveaux où mythes, médiation dans un cadre institutionnel, principes spirituels et codes éthiques interviennent comme valeurs cardinales de réinvention du lien sociopolitique et institutionnel. Ce retour à l’histoire socioculturelle kongo doit se faire, sur le plan méthodologique par l’investissement du champ socio-anthropologique et psychologique, sans laisser de côté l’important volume documentaire nécessaire sur cette ancienne monarchie. L’analyse du discours discursif autour du vivre-ensemble interroge préalablement les mécanismes endogènes ayant permis de pacifier les relations humaines au sein du corps social.