CIC 2022 : Conférence Internationale du CERDOTOLA 2022

Information sur l'intervenant

Pr Hanétha Vété-Congolo

Bowdoin College

Brunschwick (ME), USA
Hanétha Vété-Congolo est Professeure titulaire de la chaire Henry Wadsworth Longfellow Professor of Romance Languages and Literatures au Bowdoin College
 

Titre de la communication

Moun/Muntu dans la pensée africaine de l’Amérique insulaire

Résumé de Communication

Résumé

Nous proposons une définition de l’Afrique et de l’Africain qui comprend systématiquement et de manière intégrale et légitime, la partie de l’Afrique déportée (et sa descendance) en esclavagisation dans les plantations américaines du seizième au dix-neuvième siècle. Pour une édification étendue de l’Afrique, c’est-à-dire pour le développement et la libération durables envisagés pour la personne africaine et les pays africains, aujourd’hui et demain, il convient de savoir, de connaître et de comprendre également les productions et propositions épistémiques, philosophique et immatérielles d’Africains émises dans cette partie du monde avec les terreaux des lieux mais à partir d’une « pensée africaine ». De même qu’elles ont toutes commandé une mise en œuvre et pratique concrètes, les idéologies que le groupe esclavagiste pense rigidement dans ces lieux plantationnaires américains ont toutes eu pour but de tenter de re-catégoriser la personne humaine africaine en une catégorie a-humaine sinon infra-humaine. Ainsi, parmi les enjeux les plus importants se situant bien au-delà du gain matériel et de l’intérêt économique pour la partie esclavagiste, se trouvent pour le monde toutes les questions immatérielles et politiques relatives à la personne humaine. Il est donc impératif de saisir la manière selon laquelle la partie africaine sous le joug du projet de re-catégorisation a-humaine ou infra-humaine élève une action de « contrecarrement » se situant dans le domaine de l’esprit, c’est-à-dire dans le domaine des valeurs profondes formant un ensemble de pensée intrinsèque caractéristique d’une vision et éthique africaines de la personne humaine et de ses domaines. Nous montrerons comment dans la pensée africaine de l’Amérique insulaire, notamment dans les territoires où est parlée la langue créole française-africaine (Haïti, Guadeloupe, Martinique), le concept le plus affirmé est rendu par le terme créole « moun » voulant dire « personne humaine » et découlant du bantou « muntu ». Le concept de « moun » intentionne une praxis de l’humain devant manifester une éthique et une esthétique préservant les particularités les plus humaines dudit humain. En tant que proposition africaine dans l’ordre de la pensée, « moun » signale non seulement une indépendance philosophique et épistémique des Africaines et Africains esclavagés mais en plus, il siège au centre du système de pensée africaine en Amérique insulaire (créolophone) où la personne humaine a subi l’une des attaques délibérées les plus brutales et acharnées de l’histoire humaine. Généralement, l’action et la proposition immatérielles de l’Afrique en Amérique devrait systématiquement être conjointe à celles menées en Afrique –  et en l’occurrence celle-ci en faveur de l’éthique – comme enseignement, stratégie et inspiration actifs pour l’édification de la personne humaine et la préservation de son environnement, aussi matériels qu’immatériels.

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