Résumé
Le mouvement, a priori sans entraves, du donner et du recevoir culturel entre les peuples, au plan global ; dans un cadre contextuel à la fois d’accélération et de compression accentuée du temps et de l’espace ; masque mal les rapports de domination et d’inégalité toujours existants entre les différentes sociétés humaines.
Au nom de la libre circulation des idées, la culture occidentale imprègne et inonde ; au travers d’une concentration titanesque et tentaculaire de tous les moyens modernes de communication (presse, cinéma, télévision, sciences humaines…) ; les cœurs et les esprits des populations tiers-mondistes. Dans ce registre, la culture populaire occidentale joue un rôle d’importance de par sa capacité de pénétration matérielle et cognitive de toutes les couches sociales d’une communauté spatiale donnée. Dans ce cadre, la Fantasy occidentale fait montre d’un dynamisme d’une efficacité redoutable.
La série télévisée Game of Thrones, Harry Potter, les légendes arthuriennes, la mythologie gréco-romaine, et bien d’autres, derrière leurs différents succès planétaires consacrés sur différents supports à la fois cinématographiques et autres ; diffusent un modèle culturel fournissant des dogmes politiques, des concepts économiques, des schémas sociaux, des valeurs, des idéologies à l’aune de la matrice culturelle occidentale.
Si l’une des conséquences les plus visibles de ce déferlement transmédiatique fictionnel de mondes imaginaires peut sans aucun doute être associée au profit consumériste/capitaliste, il n’en demeure pas moins que l’un des objectifs sous-jacents recherchés vise à une convergence culturelle et cognitive des communautés humaines issues de la périphérie comme c’est le cas pour le continent africain. Par conséquent, l’objectif affiché dans le cadre de notre communication vise à construire un projet contre hégémonique culturel ; que nous avons baptisé Afro-fantasy (littéraire, cinéma, bandes dessinées, jeux vidéo…) qui s’appuie sur une matrice médiévale, antique, mystico-spirituelle, mythique, fictive africaine chargés de construire un imaginaire épique et contre-offensif face à la fantasy occidentale. Comment l’Afrofantasy peut-elle donc, in concreto, contribuer à la revalorisation d’un ethos africain capable de faire face culturellement à la domination occidentale puissante des cœurs et des esprits africains ? Comment l’Afrofantasy peut-elle contribuer à la construction, la consolidation et la réinvention d’un imaginaire africain héroïque, épique et conquérant en vue d’une préservation et d’une promotion efficace et efficiente de la culture africaine ?
Dans le cadre de la communication envisagée, notre réflexion loin de prétendre à l’exhaustivité ou à la finitude propositionnelle, peut néanmoins permettre de dégager quelques éclaircies aux interrogations suscitées. Tout d’abord dans le cadre de la faisabilité, la mise sur pied commune d’une véritable industrie transmédiale se révèle déjà indispensable. La construction d’un tel édifice ne peut être que le fruit d’une concertation et d’une mise en commun de ressources financières et humaines que nous évoquerons dans le détail de notre communication. De plus, pour une plus grande capacité d’action ; dans une réalité communicationnelle toujours en transformation constante, surtout depuis l’avènement du numérique ; il est important de contribuer à l’émergence d’une génération d’écrivains, de créateurs de jeux vidéo, de cinéastes et d’auteurs de bandes dessinées capables de concevoir les mondes imaginaires d’afro-fantasy car les supports produits possèdent une capacité d’attraction et de fluidité auprès d’une audience très large. Les voies et moyens d’optimisation des résultats définis passent par une plus grande adaptation et connexion numérique doublé d’un soutien financier constant par les Etats africains et autres mécènes. Sans compter, l’organisation dans le continent africain de rassemblements annuels regroupant les nouvelles communautés afrogeeks et les concepteurs des différents supports. Les conséquences d’une telle implémentation sont énormes et nombreuses. Pour n’en citer que quelques-unes pour illustration : le plein emploi d’une industrie du divertissement, les recettes financières importantes envisagées, une formation professionnelle ciblée et de qualité ou encore le refaçonnage de l’éthos mémoriel de populations africaines grâce à la redécouverte de la cosmologie épique, héroïque, philosophique, mythico-axiologique africaine... Ce qui cadre parfaitement avec le projet de développement d’une nouvelle pensée africaine à l’ère du digital. Notre réflexion s’inscrit dans une perspective à la fois constructiviste, mais surtout dans le cadre d’une approche théorique critique de la transmédialité, à la fois postcoloniale et contre-hégémonique. Par conséquent, l’articulation de notre présentation portera d’abord dans un premier temps sur le contexte général de notre étude en rapport avec l’impérialisme culturel occidental sur l’Afrique, puis nous allons nous pencher sur les définitions associées à la Fantasy et ce que nous appelons Afrofantasy, ensuite nous allons dans une dernière partie mettre en évidence, à partir d’une posture constructiviste, une méthodologie contextualisée de mise en œuvre de ce courant, capable de pouvoir rivaliser au plan mondial avec la fantasy occidentale et de pénétrer aussi les cœurs et les esprits de l’ailleurs, tout en valorisant l’identité africaine.