Information sur l'intervenant

Résumé

Motivé par des aspirations décoloniales et un regain de confiance épistémique dans les savoirs africains, cet article porte sur les différentes manières "comprendre le monde" au sein de la frontière Burundo-Congolaise. L’article présente les défis et opportunités méthodologiques de recherche sur les visions pluriverselles de la paix à travers les rêves. Les connaissances produites sur les interventions de paix ont longtemps été articulées par des réponses eurocentrées aux ‘causes profondes’ de la violence. De plus en plus, les études sur les conflits reconnaissent les limites des interventions pour la paix en raison de leur logique eurocentrisme, et des violence épistémiques sous-jacentes. La région frontalière du Sud-Kivu et du Burundi est un exemple emblématique où des interventions de paix de grande envergure ont eu un succès limité dans le maintien de la paix. Les dimensions fluide, sensorielle, corporelle et spirituelle des rêves, bien connues mais souvent négligées, seront mobilisées pour discuter du pluriversalisme sous-jacent. En s'appuyant sur les approches féministes décoloniales, l'article examine théoriquement et empiriquement les cosmovisions pluriverselles - plutôt qu'universelles - des rêves, des frontières (littérales et métaphoriques) et de la violence. L'article pose en particulier la question suivante : comment pouvons-nous aborder la violence d'une manière qui respecte et prend compte de toutes les expériences et représentations de la violence ? Comment les dimensions multi-temporelles, émotionnelles et spirituelles fondamentales dans les épistèmes africains peuvent-elles être prises au sérieux dans les débats scientifiques et politiques portant sur la consolidation de la paix ? Dans l'ensemble, l'objectif principal de l’article est d’encourager une ré-imagination des interventions de la paix nourries par les cosmologies et étiques de la région.