Résumé
La production, la diffusion, la circulation et la consommation des idées novatrices aura été dans l’histoire la matrice de la transformation sociale et de l’autonomie historique des sociétés. De ce point de vue, l’hypothèse suggérant que la vulnérabilité pathologique et endémique des sociétés africaines dans l’histoire récente de son évolution reste liée à l’impuissance de ses idées, relèverait de l’évidence. L’hypothèse que cette réflexion invitera à approfondir, est que Cette « impuissance de sens » doit être recherchée dans une pratique scientifique vidée de toute conscience (historique). Le commerce des idées qui en découle se fera en conséquence suivant la métaphore d’un commerce naguère triangulaire où l’Afrique resta durant des siècles un site empirique d’extraction de matière première humaine destiné à transformer l’Occident. Le texte jette un regard critique et transgressif sur le partage international des taches scientifique qui est à l’œuvre dans la pratique des sciences sociales dans le monde : Les chercheurs africains étant réduits à rester des collecteurs de données, dont l’interprétation légitime reste le monopole des chercheurs occidentaux. Ce processus s’opère en général suivant un axe épistémologiquement ambivalent bien que dominant qui se légitime dans le déni obssésionnel de tout biais ethno centré ou chronocentré dans l’usage des théories et autres cadres interprétatifs à succès. C’est dans cette économie de la connaissance que l’on forme et formate les producteurs d’idées dans les universités et les laboratoires de recherche en Afrique. Ces derniers participent ainsi inconsciemment à la rationalisation et à la légitimation de leur propre impuissance et du renoncement à l’autonomie historique.